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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/211

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TÊTES ET FIGURES

— Mon petit ange, murmurait tout bas, bien bas, la jeune femme ; mon petit chéri, oui ! oui ! Je sais ce qu’il y a. On est bien fatigué, n’est-ce pas ? On a froid, on a faim. Qu’importe, mon tout petit, nous allons rester ici encore un peu ; puis nous nous remettrons à chanter pour gagner quelques sous avant de retourner à la maison. Fais encore un peu dodo, mon ange. Là !… Bien !… il fait bon comme ça ; on a chaud, n’est-ce pas ? marmottait-elle en rajustant le châle et l’épinglant plus étroitement.

Pendant qu’elle était occupée à emmaillotter ainsi l’enfant, une dame en grand deuil passa près d’elle, se rendit à la balustrade, et, s’agenouillant sur les marches, s’inclina, la tête cachée dans les deux mains. La curiosité de la pauvresse se trouva piquée. Elle s’arrêta à toiser d’un regard à la fois surpris et mélancolique cette personne agenouillée, à examiner sa riche toilette de soie et crêpe, aux plis lourds et châtoyants. Puis, de là, tout machinalement, elle leva les yeux plus haut, et, en regardant ici et là, elle finit par apercevoir, souriante, sereine, radieuse, l’image en marbre de la Vierge et de l’Enfant-Jésus. Elle demeura longtemps immobile, étonnée, ne sachant quoi penser, en contemplation devant la statue.