Aller au contenu

Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
TÊTES ET FIGURES

Tout-à-coup, elle quitta sa place pour s’approcher de la balustrade, tout près de l’autel, et se mit à considérer d’un œil vague un panier de fleurs blanches exhalant un suave parfum, hommage sans doute de quelque pieux fidèle. Puis elle jeta un regard fugitif sur la lampe d’argent du sanctuaire, sur les cierges allumés, en respirant l’atmosphère du lieu, toute imprégnée d’un parfum étrange, comme si quelqu’un y fut justement passé avec une corbeille de violettes et d’asphodèles.

De là, ses yeux toujours en mouvement se reportèrent sur la dame en deuil, restée agenouillée non loin d’elle. Alors, elle se sentit à la gorge comme un serrement et, involontairement, ses paupières s’humectèrent. Elle tenta de refouler ce moment d’émotion nerveuse, en affectant un sourire d’ironie.

— Dieu de Dieu ! murmura-t-elle, mais qu’est-ce que cet endroit où l’on s’agenouille devant une femme et un enfant ?

Juste à ce moment, la dame en deuil se leva. Elle paraissait jeune ; elle était belle ; ses traits indiquaient la fierté, mais aussi l’abattement. Son regard s’abaissa sur la pauvresse si misérablement vêtue. Elle s’arrêta, toute émue. La mendiante en profita pour implorer