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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/217

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TÊTES ET FIGURES

ruelle traversant la pire partie des « Seven Dials ».

À peine y eut-elle mis le pied, que des hommes et des femmes, à mines repoussantes, groupés en cercle dans un cabaret borgne, l’accueillirent avec force quolibets et éclats de rire.

— V’là Lise, cria l’un d’eux ! V’là Lise avec l’marmot ! Bon ! Arrive ! Aboule ! Combien qu’tas ramassé, Lise ? Paye une ronde !

Lise passa tout droit sans détourner la tête. La courbe vindicative de sa lèvre supérieure s’accentua ; ses yeux eurent une lueur de dédain, mais elle ne dit pas un mot. Son silence exaspéra une fillette paraissant environ dix-sept ans, à la tignasse fort mêlée, aux yeux de chat, qui, plus qu’à demi ivre, se balançait nonchalamment, accroupie à terre, les mains croisées sur les genoux.

— Eh ! la mère Mawks ! glapit-elle. Mère Mawks ! on a besoin de vous par ici ! V’là Lise avec vot’mioche !

C’est comme si ces paroles avaient eu l’effet magique d’une incantation à l’adresse de quelque esprit diabolique. La porte d’un taudis s’ouvrit toute grande, et une femme d’une corpulence énorme, au corsage débraillé, à la figure bouffie, ecchymosée et écœurante, en sortit