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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/216

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TÊTES ET FIGURES

L’instant d’après, elle montait dans un omnibus qui la conduisait à Charing Cross. Elle descendit à la grande gare toute étincelante de lumières électriques, et se mit à arpenter le trottoir de long en large, en accostant ici et là un passant pour solliciter une aumône. Quelqu’un lui donna un penny ; un autre, jeune et joli garçon, à la figure rubiconde, déjà un petit crevé, mit la main dans son gousset, en retira toute la menue monnaie qui s’y trouvait, tout au plus trois pennies et un vieux sou, et, en les lui laissant tomber dans la main, lui dit mi-gaiement, mi-effrontément : —

— Hum ! avec des yeux comme les tiens, il y aurait moyen de faire mieux que ça.

Elle fit un pas en arrière tout interloquée.

Le quidam partit d’un grand éclat de rire en continuant son chemin.

Sans bouger de là, elle parut pendant quelque temps comme perdue dans des rêveries plus ou moins avouables ; les pleurs du bébé le rappelèrent à la réalité.

— Oui, oui, chéri, murmura-t-elle en le dorlotant doucement, il fait bien trop humide et froid pour toi ; vaut mieux s’en aller.,

Et, passant de l’idée au fait, elle héla un autre omnibus, cette fois pour Tottenham Court Road. Après avoir été bien durement cahotée, elle arriva enfin à destination, dans une sale