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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/225

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TÊTES ET FIGURES

— Sale ivrogne, vociféra-t-elle dans la figure de son abruti de mari ; tu devrais avoir honte ! Comment ! Prêter ton enfant pour toute eune nuitte, pour rien ! C’est ben heureux que j’aye encore toute ma cervelle ! Eh ben ! moé, j’dis que Lise l’aura pas. Là !…

Joe se mit à la regarder en plein dans les yeux. Sa hideuse figure se contracta sous l’empire d’une décision bien arrêtée. Son bras lourd se redressa ; un poing qui se crispa, alla s’abattre sur la figure de sa rageuse moitié en infligeant à celle-ci, dans à peine le temps de le dire, un superbe œil au beurre noir.

— Et moé, vociféra-t-il, j’dis qu’a va l’avoir. Là ! ça y est-y ?

La mère Mawks aurait peut-être pu riposter : « Oui, ça y est », car tout aussitôt elle se mit à rendre à son homme le coup, capital et intérêt tout ensemble. L’instant d’après, l’heureux couple se livrait à une partie de boxe, sous les yeux de tous les habitants de la ruelle, pâmés d’admiration et d’enthousiasme. Toute cette fripouille se bousculait à qui mieux mieux pour voir les combattants, et applaudir aux jurons et blasphèmes qui émaillaient ce pugilat conjugal.

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