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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/226

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TÊTES ET FIGURES

Pendant que les époux se talochaient de belle manière, un vieux, au dos voûté, accroupi non loin de là, sur le seuil de sa porte, triant des chiffons dans un panier, fit un signe à Lise. Le tapage du voisinage n’avait pas paru le déranger.

— Prends l’marmot de suite, lui souffla-t-il, personne ne s’en apercevra. J’verrai à c’qui t’cherchent pas.

Lise le remercia du regard, et, se glissant furtivement dans la maison où l’enfant gisait toujours sans mouvement sur le paquet de linge sale, elle le prit et décampa du côté de son misérable garni, à l’autre bout de la ruelle. L’enfant s’était trouvé étourdi par la violence du choc, mais, une fois dans les bras de Lise, sous l’influence de douces et chaudes caresses, il se remit bientôt, quoique ses deux yeux bleus, comme ceux d’une pauvre colombe blessée, trahissaient l’anxiété et la souffrance.

— Mon chéri, mon pauvre petit chéri, ne cessait de murmurer Lise en couvrant de baisers sa figure pâle, et ses petites mains, ce que je donnerais pour être ta mère, oui, Dieu le sait ! Je n’ai que toi. Et tu m’aimes bien, mon tout petit, n’est-ce pas, dis ! Tu m’aimes bien, là, un petit peu, un tout petit peu !

Et comme elle se remettait à le couvrir de baisers et de caresses, la frêle créature, aux traits maladifs, comme pour exprimer une sen-