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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/244

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TÊTES ET FIGURES

Le flot, soudain heurté, jaillit avec un bruit mat et sinistre.

Il se fit un léger clapotement dont la rumeur se fondit tout aussitôt dans le silence de la nuit.

Ce fut tout.

L’eau se remit, comme avant, à battre nonchalamment les dalles de l’escalier.

L’agent de police repassa et constata, avec satisfaction, que la rue était libre.

À travers le voile presqu’impénétrable de la nuit, une étoile, pourtant, se montra, scintilla un instant, puis disparut.

Un carillon sonore réveilla les échos endormis. Ici et là, une fenêtre s’ouvrit ; des gens vinrent prêter l’oreille au balcon. On carillonnait tout simplement l’arrivée du Nouvel An, la fête de l’Espérance.

Mais, à quoi donc pouvait servir ce carillon d’allégresse, à l’infortunée dont la dépouille mortelle s’en allait au fil de l’eau, tenant étroitement embrassée dans l’étreinte de la mort, une autre dépouille mortelle, celle du bébé ?

Que pouvait donc ce pauvre être, emporté silencieusement à la dérive, n’ayant jamais rien connu, excepté l’amour d’un tout petit enfant, et échappant, de cette dramatique façon, à l’attention, à la commisération de tous ceux