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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/251

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TÊTES ET FIGURES

Je me relevai de là, la chevelure un peu avariée, mais, pour ce qui m’en reste, le dommage ne fut pas grand, et je n’eus pas de difficulté à rétablir la raie savamment tracée par mon coiffeur, le matin même. Ces détails peuvent vous paraître puériles, mais, croyez m’en, ils ont leur importance, surtout en pareils cas ; on ne sait pas jusqu’où peut aller dans l’existence d’un homme, l’influence, même, sur une jolie femme, mettez même un diplomate, d’une raie mal faite ou tant soit peu chiffonnée.

Je lui remis le manchon, non sans l’avoir secoué un peu, en imprimant à mon échine une courbe d’au moins quarante-cinq degrés de rayon, comme du reste, on n’en fait plus, excepté à la cour d’Angleterre, devant les archevêques, les grands vicaires, ou encore les ministres canadiens.

— Merci, monsieur, fit la jeune veuve en minaudant. Vous êtes bien bon de vous être dérangé.

— Mon Dieu ! madame, répliquai-je en esquissant la pose à la fois la plus élégante et la plus distinguée, trop heureux d’avoir eu cette occasion de vous adresser la parole ; je ne demanderais pas mieux que de vous être encore de toutes façons, utile et agréable.

— C’est tout-à-fait galant de votre part………… Pourriez-vous me dire à quelle heure nous arrivons à Montmagny ?