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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/268

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TÊTES ET FIGURES

paraît-il, considéré comme un avantage, quelquefois.

Du fourneau de sa pipe il aspire et expire en spirales bleuâtre, denses ou diaphanes, une fumée qui, en allant se façonner en flocons, en cônes, en cercles plus ou moins réguliers, finit par s’épancher, au centre et aux encoignures de la pièce, en un voile ténu, comme un tissu de fine tulle ondulant aux plus légères vibrations de l’atmosphère.

Le fumeur, en état de somnolente contemplation, rend machinalement la bride à la folle du logis, glisse graduellement vers un monde de douces mais indécises visions, puis clôt à demi les deux paupières.

Soudain, ô fatal destin ! la pipe se sentant manquer d’attention, glisse, s’échappe de la commissure des lèvres tombe sur le parquet et se rompt en plusieurs fragments.

Quelle autre conduite peut donc tenir une pipe, en pareille circonstance ? Elle ne fait qu’obéir à une simple loi de physique. Se trouvant tout à coup libre de tout point d’appui, entraînée qu’elle est par son propre poids, elle démontre sans réplique l’exactitude du problème de la gravité des corps, résolu par feu Isaac Newton, entre nous, un garçon plus savant et mieux connu que vous et moi, et, dans sa chute, verticale naturellement, rencontrant un plan perpendiculaire, résistant, ses molécu-