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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/271

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TÊTES ET FIGURES

raient à des embardées qui m’entraîneraient loin du titre de cet impromptu.

Il y a tout de même pipes et pipes, comme il y a tabacs et tabacs. Les pipes, pour si cassables qu’elles soient, sont, en revanche, d’une complaisance sans bornes pour les tabacs de toutes sortes, même ceux qui en sont à peine. Elles poussent même l’obligeance jusqu’à leur prêter parfois un arôme spécial, mais dont l’honnêteté n’est pas parfaite. À preuve, l’aventure suivante dont je garantis l’authenticité. Permettez-moi de lui ouvrir une parenthèse.

L’été dernier, plusieurs amis de Québec, membres d’un club de chasse et de pêche, faisaient une excursion de pêche, excursion bien et duement autorisée, cela va sans dire, par les puissances du jour, dans le parc des Laurentides.

Fin d’après-midi, à l’heure du retour au camp du club et à la ville, réunion générale des excursionnistes sur les bords d’un lac alors devenu veuf de quelques truites. Après le tribut ordinaire et obligé dévotement rendu au dieu Bacchus, toutes les pipes s’allumèrent et la conversation s’engagea sur les mérites et qualités des divers tabacs en vogue. Il arriva, ce qui ne vous surprendra pas le moins du monde, que tous les tabacs présents se trouvèrent proclamés supérieurs, chacun réclamant la palme pour le sien.

Un seul membre de la bande s’était abstenu de prendre part au débat. C’était un garçon