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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/275

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TÊTES ET FIGURES

de l’existence ? Quels sont donc les gens qui échappent à cette règle implacable ?

Est-ce ce jeune adolescent quittant l’atmosphère de tendre, affectueuse et chaude sollicitude de la maison paternelle, pour entrer dans une maison d’éducation quelconque où il s’attend à respirer, dans la régie et l’enseignement, des effluves de la même atmosphère et qui n’y rencontre parfois que froideur, aridité, sécheresse et mines rébarbatives qui le rebutent et en font souvent un fruit sec ? Première pipe cassée !

Sont-ce ces jeunes gens qui s’aiment comme on s’aime à vingt ans, d’un amour, le premier, qui frange d’or tous les nuages, ensoleille toute la nature et l’existence, mais qui, inflexibilité du sort, restant sans la sanction ardemment souhaitée, revêt un lugubre et lourd linceuil. Mirage décevant, profonde blessure dont l’âme, jusqu’au dernier jour même, porte une cicatrice ineffaçable, éternel demi-deuil, démolition de la plus tendre des pipes !

Sont-ce ces gens qui prennent pour de l’amour pur, ce qui n’en est, parfois à leur insu, qu’une trompeuse contrefaçon, et qui se retrouvent un jour, face à face, indifférents, refroidis, blasés, lassés, à la poursuite, chacun de son côté, du paradis manqué, ou de paradis imaginaires ?