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TÊTES ET FIGURES

Est-ce l’homme qui, se laissant choir dans les filets d’une jolie fille d’Ève, au fond rien autre chose qu’une enivrante séductrice, à qui il donne foi, amour, dévouement, enfin le meilleur de son être et de ses ressources, et qui finit par découvrir qu’il n’a joué qu’un rôle de dupe, qu’il a été exploité, dépouillé et volé comme en plein bois ?

Est-ce ce monsieur convaincu qu’il a épousé une femme de qualités transcendantes et qui réalise peu après le fait qu’il est lié à une poupée ou une mégère, ou encore cette brave jeune femme, sûre d’avoir donné son cœur et sa main à ce qu’en pleine et entière confiance elle croyait être un homme, et qui découvre en fin de compte qu’elle n’a comme roi, seigneur ou partenaire qu’une mazette ou un chevalier d’industrie ?

Serait-ce ce godelureau constamment à la chasse aux dots, en quête d’héritages, qui réussit finalement à donner aux gens l’occasion de lui dire qu’il a fait un maître coup en arrivant à épouser Mlle X…, unique héritière d’un père riche fondé, qui se pavane, fait de l’esbrouffe, reçoit comme Lucullus, dépense comme Crésus, vrai coq en pâte, escomptant la future fortune de sa femme, et, naturellement, devient l’ornement indispensable et choyé de ce que l’on convient d’appeler la meilleure société, lorsqu’un bon matin il apprend que son beau-père est ruiné ?