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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/280

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TÊTES ET FIGURES

un commerce légitime, se livrent entre les mains d’agioteurs, jouent à la Bourse d’où ils reviennent la plupart du temps échaudés, plumés, brûlés ?

Je clos ici ma nomenclature. Impossible d’épuiser la liste des rêves évanouis, des illusions perdues, bref, des pipes cassées.

Je me suis laissé attarder dans une analyse assez longue, toute incomplète qu’elle soit. Une simple revue, à vol d’oiseau, d’une année, d’une seule, celle qui vient de prendre la route des vieilles lunes, eut suffi.

Quand j’aperçois les milliers d’individus qui, au cours de ces trois cent soixante-cinq jours, ont, d’une façon ou d’une autre, cassé leur pipe, je me prends à regretter de ne pouvoir faire un peu de plastique pour rajuster les tronçons de toutes ces pauvres décollées, sans oublier toutefois l’importante leçon de morale qui s’en détache, quitte, à mon tour, à casser ma pipe.

Simple souhait philanthropique de ma part, honorable, si vous le voulez, mais affligé d’un platonisme qui le réduit à néant. Il ne me serait pas plus facile de rassembler tous ces débris que pour les trépassés, au jour du jugement dernier, dans la vallée de Josaphat, de réarticuler leurs tibias et omoplates, sans mé-