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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/281

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TÊTES ET FIGURES

prises ; car il pourra fort bien arriver qu’une belle-mère prenne la tête de son gendre pour la sienne, et qu’un gendre, à son tour, ait les pieds de sa belle-mère.

Lorsqu’aujourd’hui, à l’âge mûr que j’ai réussi à atteindre, âge de discrétion dont je suis loin d’avoir à me plaindre, d’un coup d’œil circulaire, je revois tous les mouvements qui s’exécutent et qui me sont familièrement connus, et que je distingue dans les foules ceux qui sont au début de leur carrière, enfants hier passés adolescents, physionomie ouverte, pleine de foi, désinvolture hardie, démarche assurée, moustaches en crocs les uns, bouches en cœur les autres, les hommes à la poursuite d’une affaire à exploiter, d’une intrigue à nouer, d’honneurs et de titres à enlever, les femmes toujours minaudant et coquettant, les sexagénaires qui ne veulent pas abdiquer, enfin toute la tourbe humaine en veine d’incessantes concessions, sous maint prétexte, aux sept appétits primordiaux de l’esprit et de la chair, surtout en actes d’adoration perpétuelle devant le veau d’Israël, je ne puis m’empêcher de me dire :

— Voilà donc que ça recommence, que nos propres erreurs et faiblesses se répètent !

Je le regrette sincèrement, je voudrais pouvoir glisser à l’oreille de chacun : Vous vous trompez ; vous allez casser votre pipe. Tout de même, si vous commettez des erreurs, des