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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/60

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TÊTES ET FIGURES

p’tit Jean à Pierre, avec la p’tite Joson Perreault ; ils sont mariés il y a huit jours aujourd’hui.

— Comment, interrompit l’étranger, mariés depuis huit jours, et la noce dure encore ?

— Ah ! ben dame ! m’sieu, repartit Charlot, ici, vous savez, quand on s’marie, y a pas d’blague sus l’jeu ; ça dure trois, quatre et jusqu’à huit jours. D’abord, on va chez le père du marié ; ensuite chez les parents de la mariée ; puis chez les oncles, les tantes, les cousins tant d’un bord comme de l’aut’. On mange et on danse ; on danse et on mange. On met la table, on réveillonne ; je vous assure qu’il en passe des provisions, des tourtières, des pâtés à la viande ; par chez nous, on appelle ça des pâtés croches ; y a d’l’amusement à y avoir, vous l’croirais pas. C’est pas, comme de raison, comme chez les messieurs de la ville ; mais pour dire qu’on s’amuse pas, on s’amuse. Et pis, y a des beaux danseux, allez !… Sans m’vanter, y a quelques années, j’étais pas manchot, moi aussi, du côté de la danse. J’claquais l’reel ; y en avait de pires que moi. Et j’dis pas qu’au jour d’aujourd’hui encore, pour une gigue voleuse… hum !… hue donc ! Vigoureux, ça serait pas aisé de m’batt’. C’est ben dommage que vous soyiez si pressé ; on s’amus’rait un brin.