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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/61

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TÊTES ET FIGURES

Et Charlot debout, sur le devant de la carriole, la tête tournée en arrière, regardait avec un air de regret la noce s’éloigner.

Rendu un peu bavard par la vue des maisons du village toutes illuminées, de chaque côté du chemin, Charlot renseignait l’étranger sur les habitations et leurs occupants, les gens à l’aise surtout.

— Ici, au nordais, demeurait France Bilodeau, un brave homme qui avait beaucoup voyagé dans les pays d’en haut parmi les sauvages. Là-bas, toujours au nordais, c’étaient les Duchesnay, les Taschereau, les Lindsay.

Plus loin, la maison de pension de Pierre Beloin, la meilleure à partir de la Pointe-Lévis ; aussi, tous les messieurs de la ville y logeaient, quand ils venaient à Sainte-Marie. Plus loin encore, c’était la résidence de M. de Léry, autrement dit le manoir. C’était un homme ben riche que monsieur de Léry… au sorrois, la maison de M. Forquier, le notaire.

— Ici finit le village, dit Charlot, en forme de péroraison, et les grands arbres que vous voyez là, de chaque côté du chemin, on appelle ça le domaine… mais, j’y pense, vous aurais p’têt aimé à arrêter chez Pierre Beloin ?

— Non, non, file, mon bon, articula l’étranger, je suis pressé, et vas-y au plus coupant !

Un coup de fouet mit des ailes aux jarrets de Vigoureux.