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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/63

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TÊTES ET FIGURES

La maison de la mère Adrien n’avait guère meilleure mine que celle de Polly Murphy. Elle émergeait, un peu penchée en arrière, du sein d’une collection de bancs de neige, auxquels la bise, ayant beau jeu à ce niveau comparativement élevé, avait donné les formes les plus bizarres. Derrière les vitres, qu’une épaisse couche de givre recouvrait, on pouvait distinguer les reflets de l’unique lumière qu’il y avait dans la maison.

— Demandes donc, Charlot, si l’on peut entrer, dit l’étranger.

— Ah ! pour ça, mon cher monsieur, vous pouvez compter là-dessus ; la mère Adrien veille encore.

Charlot, tenant encore les guides, alla frapper à la porte.

La lumière de l’intérieur s’agita, puis la porte s’entrouvrit, et la silhouette de la mère Adrien se dessina, la main au-dessus des yeux, et, interrogeant l’obscurité.

— Excusez, la mère, dit Charlot en faisant des manières, on n’est pas venu pour vous troubler.

— Tiens, tiens, mais c’est ben Charles-à-d’Jos-m’oncle-Charlot, dit la bonne femme. D’où c’que tu d’viens, par un temps pareil ? Tu fêtes le mardi-gras, gageons !

— Non, non, la mère, répondit Charlot, j’m’en vas à la ville m’ner c’monsieur-là. Si