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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/67

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TÊTES ET FIGURES

— Ah ! pour ça, c’est vrai c’que vous dites-là, mère Adrien, appuya Charlot, ça jouait c’t’homme-là, c’était comme eune invention.

L’étranger, simple mouvement de curiosité, se leva, et alla passer le pouce sur les quatre cordes de l’instrument. Il tressaillit ; le son qui venait de se produire indiquait un excellent violon, malgré que les cordes ne fussent pas beaucoup d’accord.

— Me permettez-vous de l’examiner, demanda-t-il ?

— Certainement, Monsieur, dit la vieille, vous connaissez peut-être ça, vous. Espérez donc, j’vais vous le donner !

L’étranger, en effet, était un amateur et connaisseur, mais n’en fit rien voir. Il palpa le violon en tous sens, en sonda toutes les parties. Puis, s’approchant de l’unique lumière de la pièce, il se mit à scruter l’intérieur de l’instrument. Quelle ne fut pas sa surprise de lire à travers la poussière du fond le nom de Antoine Stradivarius.

— Mais comment, diable, se dit-il, pareil instrument se trouve-t-il dans ces parages ? Par quel hasard est-il tombé entre les mains d’un villageois qui ne s’est probablement jamais douté du trésor qu’il possédait ?