L’ange se rapprocha de lui.
— Cette femme, lui murmura-t-il d’une voix émue, cette femme, c’est ton mauvais génie. Veilles bien ! Car, autrement, tu tomberas dans des ténèbres pires encore que celles de la mort ! Si tu la suis, tu prépares ta ruine. Son amour n’est que mensonge ; ses sourires et ses caresses, elle les partage entre bien des hommes. Ses gestes ne sont que perfidie. Le plus grand des malheurs t’attend. Loin de toi cette malédiction, avant qu’il ne soit trop tard !
Mais lui, enivré, aveuglé par la passion, fut subitement pris d’une violente colère. Il se mit à jurer, à blasphémer Dieu et tout ce que naguère il regardait comme sacré. Puis, se tournant du côté de l’ange :
— Désormais, s’écria-t-il, je ne veux plus t’entendre. Pour moi, cette femme m’est bien plus que toi ; au moins elle est de chair et d’os, et, d’ailleurs, elle est de ce monde. Quant à toi, tu n’es rien de plus qu’une créature de mon imagination, une chimère, un cauchemar. Qu’ai-je à faire avec une apparition que j’ai eu la fantaisie de prendre pour un ange ? Ange ? Il n’y a pas d’anges ! Toi ! tu n’es pas une réalité, tu n’es qu’un mensonge !