Je sommeillais ainsi, depuis combien de temps ? Je l’ignore, lorsqu’il me sembla entendre une voix, à la fois tendre et vibrante, murmurer ces paroles :
— « Infortuné habitant de l’astre des douleurs, pourquoi laisser les noirs soucis envahir ton esprit et ton âme, et n’en pas tirer la leçon qu’ils comportent ? Tu souffres ? N’est-ce pas là un indice de la faiblesse, de ta nature ? Cependant, ce qui t’arrive est bien. C’est la souffrance, et, comme l’a dit l’un des vôtres, la bonne souffrance. Par elle la rédemption du genre humain s’est opérée ; c’est aussi par elle que l’homme doit arriver aux plus hautes cimes de la perfection. Au lieu de regimber contre elle, bénis-la » ! . . . . . .
En cherchant du regard l’être qui me tenait ce langage, je distinguai une forme semi-lumineuse, quasi aérienne, qui se tenait tendrement penchée au dessus de moi.
— Je suis l’ange de tes rêves, repartit l’apparition qui sembla deviner ma pensée, l’âme de ton âme, qui, depuis longtemps déjà, aux célestes parvis où tout est pur amour, attend le jour de ta glorification suprême dans le sein de la Divinité, pour la consécration de son union éternelle avec la tienne. Je suis venue te prier de me suivre ; j’ai obtenu du Très Haut la permission de lever pour toi un coin