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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/91

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TÊTES ET FIGURES

que toute cette splendeur m’était familière, que c’était un milieu déjà vu.

— Regarde derrière toi, me dit Speranza.

Je regardai… Là-bas, j’aperçus la Terre qui paraissait descendre graduellement dans le gouffre béant de l’espace. Je pus observer que les hommes s’agitaient de ça et de là, comme dans une minuscule fourmilière. J’entrevis même ma chambrette et, sur un divan, ma forme indécise, ayant l’apparence d’un mannequin de plâtre, tout frais sorti d’un moule et laissé inachevé. C’était ma chrysalide, ma forme terrestre, toujours endormie.

— Est-il Dieu ! possible, m’écriai-je tout consterné, que c’est là, dans cette momie, que mon esprit habitait il y a quelques moments !.  .  .  .  .  .  .  .

Je ressentis à l’instant la plus profonde humiliation à la vue de ce corps débile, chétif, inerte, que je savais si bien en proie à mille besoins, exposé à toutes sortes d’infirmités.

Le soleil, à ce moment-là, n’avait plus que la taille d’une grosse étoile, et la Voie Lactée dessinait à peine, au firmament, une traînée phosphorescente.

Et, nous nous élevions sans cesse, à travers les constellations les plus extraordinaires, nouveaux systèmes planétaires.

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