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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/96

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TÊTES ET FIGURES

qui leur manquait, quelque chose comme un monde meilleur, expression d’une paix et d’un bonheur plus complets, le séjour de l’ultime perfection, l’union complète avec le grand Maître de la vie.

— C’est étrange, me dis-je, moi, je me contenterais facilement de leur bonheur.


J’allais communiquer mes réflexions à Speranza, lorsque mon guide aérien m’interrompit.

— Ô esprit de la Terre, fit-il, as-tu bien observé ? Es-tu parvenu enfin à te dégager de tes notions terrestres pour pouvoir saisir le sens et la raison de ce que tu viens de voir ? As-tu été bien frappé du fait que, dans toute cette immensité étoilée, il n’est pas un monde où l’on ne croie pas à l’existence d’un Dieu souverain, et où l’on ne se prosterne pas en adoration devant sa toute puissance et ses perfections infinies ? Seule, la Terre, ton malheureux séjour, fait entendre, dans ce concert presque unanime, une note discordante.

« Cependant, qu’est donc la Terre devant toutes les magnificences de la création qu’il t’a été permis d’admirer ? Une chétive étoile peuplée par des nains, embryons physiques et intellectuels, par des créatures ayant en partage une étincelle de la flamme divine, et qui, malgré cela, retournant à la bête, se laissent aller à tous les débordements de l’orgueil, de