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Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/14

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fixer solidement dans leur esprit et porta bientôt ses fruits. Elle a ébranlé les bases des vieilles sociétés, engendré la plus formidable des révolutions, et jeté le monde occidental dans une série de convulsions violentes dont le terme est impossible à prévoir.

Sans doute, certaines des inégalités qui séparent les individus et les races étaient trop apparentes pour pouvoir être sérieusement contestées mais on se persuada aisément que ces inégalités résultaient uniquement des différences d’éducation, que tous les hommes naissent également intelligents et bons, et que les institutions seules avaient pu les pervertir. Le remède était dès lors très simple refaire les institutions et donner à tous les hommes une instruction identique. C’est ainsi que les institutions et l’instruction ont fini par devenir les grandes panacées des démocraties modernes, le moyen de remédier à des inégalités choquantes pour les immortels principes qui sont les dernières divinités d’aujourd’hui.

Certes, une science plus avancée a prouvé la vanité des théories égalitaires et montré que l’abîme mental, créé par le passé entre les individus et les races, ne pourrait être comblé que par des accumulations héréditaires fort lentes. La psychologie moderne, à côté des dures leçons de l’expérience, nous a enseigné que les institutions et l’éducation convenant à certains individus et à certains peuples sont fort nuisibles à d’autres. Mais il n’est pas au pouvoir des philosophes d’anéantir les idées lancées dans le monde, le jour où ils reconnaissent qu’elles sont erronées. Comme le fleuve débordé qu’aucune digue ne saurait contenir, l’idée poursuit sa course dévastatrice, et rien n’en ralentit le cours. C’est cette notion chimérique de l’égalité des hommes qui a bouleversé le monde, suscité en Europe une révolution gigantesque, lancé l’Amérique dans la sanglante guerre de sécession et conduit toutes les colonies françaises à un état de lamentables décadence. Pas un psychologue, pas un voyageur, pas un homme d’Etat un peu instruit, qui ne sache à quel point elle est erronnée ; et pourtant bien peu osent la combattre.

Loin d’ailleurs d’être entrée dans une phase de déclin, l’idée égalitaire continue à grandir encore. C’est en son nom que le socialisme, qui semble devoir asservir bientôt la plu-