Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/21

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voit constamment répétés, sont précisément les caractères communs à tous les habitants du pays parcouru. Les différences individuelles, étant peu répétées, nous échappent et bientôt, non seulement nous distinguons à première vue un Anglais, un Italien, un Espagnol, mais de plus nous savons très bien leur attribuer certains caractères moraux et intellectuels, qui sont justement les caractères fondamentaux dont nous parlions plus haut. Un Anglais, un Gascon, un Normand, un Flamand correspondent à un type bien défini dans notre esprit et que nous pouvons décrire aisément. Appliquée à un individu isolé, la description sera souvent fort insuffisante, et parfois inexacte appliquée à la majorité des individus d’une de ces races, elle la dépeindra parfaitement. Le travail inconscient qui s’établit dans notre pensée pour déterminer le type physique et mental d’un peuple est tout à fait identique dans son essence à la méthode qui permet au naturaliste de classifier les espèces.

Cette identité dans la constitution mentale de la majorité des individus d’une race a des raisons physiologiques très simples. Chaque homme, en effet, ne représente pas seulement le produit de ses parents directs, mais encore de sa race, c’est-à-dire de toute la série de ses ascendants. Un savant économiste, M. Cheysson, a calculé qu’en France, à raison de trois générations par siècle, chacun de nous aurait dans les veines le sang d’au moins 20 millions de contemporains de l’an 1000. «Tous les habitants d’une même localité, d’une même province ont donc nécessairement des ancêtres communs, sont pétris du même limon, portent la même empreinte, et sont sans cesse ramenés au type moyen par cette longue et lourde chaine dont ils ne sont que les derniers anneaux. Nous sommes à la fois les fils de nos parents et de notre race. Ce n’est pas seulement le sentiment, c’est encore la psysiologie et l’hérédité qui font pour nous de la patrie une seconde mère».

Les influences auxquelles se trouve soumis l’individu et qui dirigent sa conduite, sont de trois sortes. La première, et certainement la plus importante, est l’influence des ancêtres ; la deuxième, l’influence des parents immédiats la troisième qu’on croit volontiers la plus puissante, bien qu’elle soit généralement la plus faible, est l’action des milieux. Ces der-