Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/8

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les peuples et les divergences de compréhension qu’elles engendrent.

La guerre européenne a montré une fois de plus combien pouvaient être profondes les dissemblances de mentalité entre peuples de même civilisation apparente, échangeant depuis longtemps leurs idées et ayant quelques intérêts semblables.

Ces peuples en réalité ne se connaissaient pas et leurs gouvernants, bien que renseignés par des ambassadeurs, des attachés militaires et de nombreux documents, ne les connaissaient pas davantage.

L’Allemagne ignorait l’âme de l’Angleterre et la France n’ignorait pas moins celle de l’Allemagne. Durant toute la guerre la mentalité des Balkaniques est restée un mystère pour la plupart des diplomates européens. Voulant l’interpréter avec leurs idées d’hommes civilisés ils ont commis les plus lourdes erreurs. L’âme des races a des frontières qui ne se franchissent pas.

C’est précisément parce que l’incompréhension régit les rapports entre peuples différents et que nous voulons les juger d’après nos sentiments et nos idées personnels, qu’il est si difficile de prévoir la conduite des nations étrangères et de leurs maîtres dans une circonstance donnée. Le problème soulevé par les divergences de races et les aversions qui en sont la suite devant survivre naturellement à la guerre, la grande difficulté de l’avenir sera de modifier les groupements des nationalités en lutte sur toute la surface de l’Europe et principalement dans les Balkans. Cette difficulté parait d’autant plus ardue que la nationalité constituée par la race, peut l’être aussi, quoique beaucoup plus superficiellement, par la communauté de religion, de langage ou d’intérêts. Malheureusement pour la durée de la future paix européenne ces quatre éléments se trouvent rarement réunis chez un même peuple. Longtemps encore les divergences de races créeront des sources de conflits, surtout chez les nations demi-civilisées comme les Balkaniques dont rien n’a pu calmer les haines séculaires.

Sur les antagonismes de races le temps n’agit qu’avec