Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/9

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une extrême lenteur. Si parfois un peuple semble changer, des circonstances imprévues finissent par révéler que ces changements n’étaient qu’apparents et portaient uniquement sur les côtés accessoires de la personnalité. Ni les changements de milieu ni les conquêtes ne suffisent à modifier l’âme d’un peuple. Sa transformation n’est possible qu’au moyen de croisements répétés. Le sol, les institutions, la religion même ne changent pas l’âme d’une race.

Les croisements n’ont d’ailleurs d’influence que s’ils s’opèrent entre peuples de mentalité voisine. Entre peuples de mentalité trop différente, ils sont désastreux. L’union des blancs avec des noirs, des Hindous ou des Peaux-Rouges n’a d’autre résultat que de désagréger chez les produits de ces unions tous les éléments de stabilité de l’âme ancestrale sans en créer de nouveaux. Les peuples de métis, tels que ceux du Mexique et des républiques espagnoles de l’Amérique, restent ingouvernables par cette seule raison qu’ils sont des métis. L’expérience a prouvé qu’aucune institution, aucune éducation ne pouvait les sortir de l’anarchie. Les circonstances actuelles ont mis en lumière la justesse de plusieurs autres principes exposés dans ce livre. Etudiant, par exemple, diverses conquêtes du monde antique, et notamment celle des Grecs par les Romains, je me demandais si certaines facultés médiocres mises au service d’un idéal puissant ne permettraient pas à un peuple de détruire des civilisations raffinées, mais dont le développement intellectuel aurait un peu paralysé les qualités de caractère. L’avenir dira si l’Allemagne moderne peut fournir une vérification de cette loi historique subie par beaucoup d’anciens pays Egypte, Perse, Grêce, Italie et bien d’autres. Les grands noms qui jadis illustrèrent l’Allemagne n’ont pas eu de successeurs, mais elle a su hiérarchiser et utiliser ses plus minimes énergies. Grâce à une discipline militaire rigide, elle a fait de communautés disparates un bloc formidable.

Le problème vital de l’avenir, chez les peuples de civilisation raffinée, sera de superposer à leur culture intellectuelle une éducation rigoureuse du caractère et surtout de