Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/100

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différant des premiers que par leurs titres. Sous leur direction ils feront avec inertie et indifférence de nouveaux devoirs. Ils s’achemineront lentement vers l’âge mûr, la vieillesse, puis disparaîtront de ce monde, après trente ou quarante ans de vie végétative, avec la certitude d’avoir été des êtres nuls, aussi inutiles à eux-mêmes qu’à leur pays.

Et les autres ?

Les autres pourraient se diriger, vers l’agriculture, l’industrie, le commerce, mais ils ne s’y résignent qu’après avoir tout tenté. Ils y entrent à contrecœur et, par conséquent, n’y réussissent guère. Ces professions, qui font la richesse et la grandeur d’un pays, l’Université leur en a enseigné le mépris. Ce n’est certes pas un membre de l’Université qui eût écrit cette réflexion profonde d’un éminent homme d’État anglais : « L’homme capable de bien diriger une ferme serait capable de gouverner l’empire des Indes ».

Sur les résultats finals de notre enseignement universitaire, l’accord a été, je le répète, à peu près complet. Voici comment le Président de la Commission d’enquête, M. Ribot, a résumé les dépositions dans son rapport officiel :

Notre système d’éducation est, dans une certaine mesure, responsable des maux de la Société française. La Révolution, qui a renouvelé tant de choses, n’a pas eu le temps de donner à la France un système d’éducation secondaire. Avec l’Empire, nous avons repris et nous gardons encore les cadres, déjà vieillis à la fin du xviiie siècle, d’un enseignement qui ne répondait plus au caractère et aux besoins du pays ; c’est pourquoi la question de l’enseignement secondaire est encore à cette heure un des problèmes les plus complexes, et, par certains, côtés, les plus brûlants que nous ayons à résoudre[1].

  1. Enquête. Ribot, Rapport général, t. VI, p. 3.