Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/124

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grande aux formes extérieures. Ils ont des traditions perpétuées dans un milieu homogène, et, si l’on peut redouter leurs doctrines, on ne saurait contester qu’au point de vue de l’éducation extérieure ils sont fort supérieurs aux professeurs de l’Université.

Quelles que soient les causes de son défaut de prestige, l’universitaire est peu considéré par le public, et il en souffre vivement. Sa profession est tenue comme honorable assurément, mais faiblement cotée. À peine au-dessus du vétérinaire et assez au-dessous du pharmacien. Bien qu’il soit très convenablement rétribué, les familles voient toujours en lui le monsieur légèrement râpé, besogneux et courant le cachet. Si par hasard on le reçoit au moment des examens, il passe toujours après l’ingénieur, l’officier, le magistrat et le notaire. C’est l’invité sans importance qu’on met au bout de la table, qu’on n’écoute guère et que les héritières ne regardent pas. Un peu gauche, un peu emprunté, d’aspect assez fruste, il se sent mal à son aise dans le monde, et redoute de s’y montrer.

Ce défaut de prestige que l’universitaire sent fort bien, reste toujours un mystère irritant pour lui. Les illusions dont il est saturé lui ont laissé croire que c’est par les diplômes que se marquent les différences intellectuelles et sociales entre les hommes. Persuadé qu’avec ses parchemins il devrait être aux meilleures places dans la vie, il s’indigne secrètement d’en rester fort loin, et finalement n’a qu’antipathie pour une société qui ne lui donne pas la situation à laquelle il s’imagine avoir droit. De là en grande partie les tendances cachées ou avouées de la plupart des univer-