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élèves. Au lieu d’avoir Virgile et Homère en horreur, ils les liraient avec intérêt, car l’Énéide et l’Iliade sont de vrais romans. Ce qui rend ces livres si antipathiques aux écoliers, c’est l’ennui d’en traduire des fragments à coups de dictionnaire.

Intéressez les élèves, intéressez-les à tout prix : c’est, comme je l’ai dit, l’ennui, qu’on n’a pas su éviter dans les études grecques et latines, qui est, en grande partie, la cause de la décadence de ces études. C’est l’enseignement du grec et du latin qui s’est tué lui-même. Si l’on continue dans cette voie, le suicide sera complet ; le latin et le grec succomberont au discrédit général où ils seront tombés devant le monde, devant les élèves et devant un certain nombre de professeurs même[1].

Quant à l’étude des principales citations latines, dont il existe plusieurs recueils, et de quelques racines grecques et latines, c’est l’unique moyen de conserver du grec et du latin ce qui peut avoir quelque ombre d’utilité, non seulement au point de vue des étymologies, mais surtout pour ne pas paraître ignorer des choses que connaissent nos contemporains instruits.

Quoi de plus facile que de loger dans la mémoire toute neuve de nos élèves un certain nombre de racines grecques et latines ? J’ai constaté que les miens se prêtent volontiers à cet exercice. Je leur mets entre les mains un vocabulaire de deux cents mots ou radicaux grecs et latins, quelque chose comme notre ancien Jardin des racines grecques ; ils l’apprennent à petites doses sans la moindre difficulté et il suffit amplement à tous leurs besoins présent et futurs[2].

J’ai été fort heureux de voir un universitaire distingué, M. Torau Beyle[3], adopter à peu près la même conclusion que moi en ce qui concerne le temps à

  1. Enquête, t. Il, p. 197. Belot, professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand.
  2. Enquête, t. II, p. 495. Maldidier, professeur agrégé à l’Université.
  3. Revue Politique et Parlementaire, 10 mai 1899.