Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/203

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posé devant la Commission d’enquête la création d’écoles professionnelles parallèles à l’enseignement classique actuel. Ce dernier enseignement, dit-il, ne serait maintenu que pour le très petit nombre de futurs érudits qui étudieraient le grec et le latin tout comme on étudie ailleurs le persan et l’arménien. De tels projets sont excellents et leur réalisation assurée le jour où nous aurons changé l’âme des parents, des professeurs et des élèves.

Mais alors même que cette transformation serait effectuée, on ne voit guère où se recruteraient les professeurs du nouvel enseignement. Sans doute les Frères des Écoles chrétiennes ont bien su en trouver pour l’enseignement technique, où ils peuvent servir de modèles, mais leurs professeurs sont des techniciens auxquels — imitant en cela les Américains — on ne demande que de connaître leur profession sans s’occuper un seul instant de savoir s’ils possèdent aucun diplôme. Du jour où cet enseignement serait organisé par l’État, c’est-à-dire par l’Université, il y aurait immédiatement des concours, une agrégation et l’instruction serait donnée uniquement par ces méthodes théoriques dont nous connaissons les résultats.

Toute grande réforme sur ce point étant irréalisable avant une réforme totale de l’opinion, il ne faut songer aujourd’hui qu’à de modestes changements accomplis sur une petite échelle. Un des meilleurs proposés devant la Commission consisterait à transformer les petits collèges de province en établissements d’enseignement professionnel. Devant l’impossibilité de trouver des professeurs capables de donner cet enseignement, on doit bien se contenter d’un enseignement