Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/209

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de distribution de prix, qui sont comme les professions de foi du corps enseignant, on y trouve constamment répétée cette affirmation que « le but de l’enseignement secondaire est de former l’homme et le citoyen ». Là-dessus, tout le monde est d’accord. C’est un truisme. Mais lorsqu’on descend de la région des principes à celle de l’application et du fait, on voit combien nous sommes loin de cet idéal et combien on a fait peu de choses pour le réaliser[1].

En réalité, on n’a rien fait du tout et on s’en est tenu à ces brillants discours si chers aux professeurs. Les résultats obtenus sont indiqués dans le passage suivant de l’enquête.

C’est parce que l’éducation de notre démocratie française est insuffisante, que notre régime politique et social actuel n’a pas porté tous les fruits qu’on en pouvait attendre, et c’est aussi l’une des causes qui permet à ceux qui n’aiment pas ce régime de multiplier leurs attaques[2].

Quant aux moyens à employer pour donner la bonne éducation rêvée, les auteurs de l’enquête semblent les ignorer totalement. Beaucoup s’imaginent qu’elle s’inculque uniquement par les exercices physiques et déplorent leur rareté. Cette rareté paraît en effet très grande, malgré d’éloquentes circulaires ministérielles et la fondation de sociétés spéciales. Il n’y a rien derrière toutes ces brillantes façades.

Si le temps ne nous pressait, j’aurais parlé de l’éducation physique. En fait, elle n’existe pas et c’est une lacune déplorable. Je voudrais que l’éducation physique fut mise sur la même ligne et même, dans les premières années, au-dessus de l’éducation intellectuelle.

En Allemagne, cette éducation est très développée. Elle est mise au même rang que l’enseignement du grec, des mathéma-

  1. Enquête, t. I, p. 444. Maneuvrier, ancien élève de l’École Normale Supérieure.
  2. Enquête, t. II, p. 438. Blondel, ancien professeur à la Faculté de Droit de Dijon.