Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/260

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sans force. La morale, c’était simplement ce qui plaisait à un Dieu punissant par des supplices éternels les coupables osant transgresser ses lois.

La religion et la morale, si intimement liées dans les cultes sémitiques, ont toujours été complètement indépendantes dans d’autres, ceux de l’Inde par exemple. Cette indépendance, si contraire à nos idées héréditaires, nous devons tâcher de l’acquérir. Sa démonstration est facile.

Il suffit, en effet, de réfléchir un instant pour reconnaître que la religion et la morale sont choses entièrement distinctes. Au gré de nos sentiments et de nos intérêts, nous pouvons adopter ou rejeter la première, mais nous sommes tous obligés de subir la seconde.

Aussitôt que des êtres vivants, animaux ou hommes, sont constitués en société, ils doivent nécessairement obéir à certaines règles, sans lesquelles l’existence de cette société serait impossible. Le dévouement aux intérêts de la collectivité, le respect de l’ordre et des coutumes établies, l’obéissance aux chefs, la protection des enfants et des vieillards, etc., sont des nécessités sociales indépendantes de tous les cultes, puisque les religions peuvent changer sans que se modifient ces nécessités. Les banalités du Décalogue ne sont que la mise en formules de règles créées par des obligations sociales impérieuses.

En matière d’enseignement de la morale, il faut, comme je l’ai dit déjà, créer chez l’enfant des habitudes mentales, et ne pas perdre son temps à lui enseigner des règles ou lui faire de sentencieux discours.

Que si, cependant, le professeur se croyait obligé de disserter sur la morale, il lui serait possible de le