Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/266

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au moins ne pas oublier que, sans cet idéal, il n’est pas de société possible. Critiquer l’idée de patrie, vouloir affaiblir les armées qui la défendent, c’est se condamner à subir les invasions, les révolutions sanglantes, les Césars libérateurs, c’est-à-dire toutes les formes de cette basse décadence par laquelle tant de peuples ont vu clore leur histoire.

L’esprit nouveau qui se répand de plus en plus dans l’Université constitue, je le répète, un redoutable danger pour notre avenir. La menace en est trop visible pour ne pas avoir frappé tous les esprits qui s’intéressent aux destinées de notre pays.

… Il semble, disait dans un discours un ancien ministre, M. Raymond Poincaré, que, depuis quelque temps, un vent mauvais ait soufflé sur certaines âmes françaises et ait effacé en elles des souvenirs qu’on aurait pu croire ineffaçables ! Il s’est trouvé, jusque dans l’Université, des esprits qui se sont laissé séduire et dévoyer par une sorte de mysticisme humanitaire. Il s’est rencontré des gens pour ne plus reconnaitre dans le drapeau tricolore l’emblème de notre unité nationale, le symbole sacré de nos regrets et de nos espérances, et pour proférer contre l’armée des injures criminelles. Maudite soit la philosophie mensongère dont se couvrent ces attentats contre la patrie ! Elle méconnaît sous prétexte d’humanité, les sentiments qui contribuent le plus à élever le cœur des hommes à fortifier leur caractère et ennoblir leur destinée.

Ce qui est grave, dans certaine affaire récente, dit de son côté M. P. Deschanel, Président de la Chambre des Députés, dans un de ses discours, ce n’est pas seulement qu’un Français, un professeur de l’Université, ait outragé le drapeau et traité d’ « escarpes » les soldats et les marins français morts à Madagascar : c’est qu’il se soit trouvé dans les premiers rangs de la hiérarchie universitaire d’autres professeurs pour le défendre, un parti pour organiser des manifestations en son honneur, c’est qu’ici même, au milieu de nos populations si pondérées, si sages, et qui ont vu, il y a trente ans, l’invasion, plusieurs journaux, au lieu de se faire l’écho de l’indignation publique, aient cherché des excuses à de pareilles insultes contre nos soldats et contre le drapeau.