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n’est plus pitoyable, conclut M. Duclaux, que l’enseignement de la géométrie. Voici plus de trente ans que je fais passer des examens du baccalauréat et que je constate cette décadence. Je ne crois pas qu’il y ait en ce moment plus d’un élève sur vingt qui ait le sentiment net de la méthode euclidienne. C’est bien la peine de l’avoir suivie, et vraiment je crois que l’enseignement secondaire ferait bien d’y renoncer. »

Peu d’auteurs ont tenté de présenter les mathématiques sous forme concrète, ou du moins de n’arriver à l’abstrait qu’après être passé par le concret[1]. Il faudrait, il est vrai, avoir presque du génie pour réussir à écrire un livre qui conduirait l’élève par des méthodes expérimentales de l’enseignement primaire jusqu’au calcul infinitésimal. Un tel ouvrage n’ayant aucune chance d’être adopté dans les écoles ne sera certainement jamais écrit.

Pour qu’il puisse l’être, les pédagogues devraient d’abord essayer de se faire une idée de la psychologie de l’enfant, qu’ils ne soupçonnent guère, à en juger par leurs méthodes d’enseignement. Seulement alors ils pourraient comprendre l’absurdité de commencer l’enseignement de toutes choses, langues, mathématiques, etc., par l’apprentissage mnémonique de règles et de symboles abstraits, alors que l’intelligence de l’enfant — et sur ce point beaucoup d’hommes restent longtemps enfants — ne peut saisir que le concret.

Le principe général de tout ce qui précède : donner la notion expérimentale des choses avant d’expliquer les transformations de leurs symboles, ne s’applique

  1. Je ne vois que quatre auteurs à citer. Macé pour l’arithmétique, Clairaut pour la géométrie, Lagout, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, pour l’algèbre et la géométrie, et Laisant pour l’enseignement général des mathématiques.