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Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/88

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Université et qu’on a justement qualifiés « d’idiots savants ».

Lorsque l’État fournit des places aux produits de l’Université, leur infériorité ne se manifeste pas nettement, mais lorsqu’ils sont livrés à leurs propres forces et obligés de se créer une situation dans la vie, la nullité de leur instruction apparaît aussitôt.

Elle apparaît surtout dans les métiers, celui d’ingénieur, par exemple, où les connaissances précises sont indispensables. On en a fourni des cas intéressants devant la commission.

Quand un ingénieur allemand sort de l’École de Freyberg, par exemple, il peut être immédiatement utilisé, et rendre des services pratiques. Il a déjà une valeur professionnelle. — Lorsqu’un jeune Français sort de l’École Centrale, il sait beaucoup plus de choses que son collègue allemand : on lui a enseigné depuis l’apiculture jusqu’aux constructions navales. Il sait tout, mais si superficiellement, qu’en fait et pratiquement, il est, comme on l’a dit, apte à tout, bon à rien[1]

Dans l’industrie, les grands patrons, de parti pris, choisissent leurs ingénieurs de moins en moins parmi les élèves de l’École Polytechnique. À peine s’ils prennent des élèves de l’École Centrale ; ils s’adressent aux élèves des écoles d’arts et métiers de Châlons, d’Angers[2].

Aujourd’hui il a tout envahi, ce terrible esprit universitaire qui croit que la valeur des hommes se mesure à la quantité de choses qu’ils peuvent réciter. Il fait partie maintenant des idées héréditaires de notre race et fort peu de Latins sont aptes à comprendre que la récitation des manuels n’est pas le seul idéal possible de l’éducation.

  1. Enquête, t. I, p. 454. Maneuvrier, directeur des établissements de la Vieille-Montagne.
  2. Enquête, t. I, p. 360. Chailley-Bert, professeur à l’École des Sciences politiques.