Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/101

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stage de la caserne sous les ordres de caporaux souvent peu lettrés et parfois assez rudes. Une société où le licencié et le docteur peuvent être commandés par des ignorants est sûrement mal organisée et on doit se hâter de la refaire !

Ce passage des intellectuels à la caserne est également une des causes les plus actives du développement de l’antipatriotisme et de l’antimilitarisme parmi eux. Des couches supérieures de l’Université, ces sentiments sont descendus aux instituteurs, où ils se sont rapidement développés.

Et c’est ainsi que les professeurs de tout ordre, se tournent de plus en plus vers les pires doctrines anarchistes. Dans le laisser-aller général, les ministres n’osent pas endiguer ce redoutable courant qu’aurait vite supprimé une volonté forte. Quel symbole que cet instituteur entamant un procès contre le ministre de l’Instruction publique (simple serviteur de la démocratie, dont lui, instituteur, était un maître), qui, retenu par un ambassadeur s’était permis de le faire attendre 1/4 d’heure. Quelle hypertrophie de la vanité égalitaire ! Quel chemin les illusions créées par l’enseignement universitaire ont-elles dû faire dans des esprits mal dégrossis pour les conduire jusque là !

Ne les critiquons pas trop cependant, ces modestes instituteurs. Ils sont ce que l’enseignement supérieur les a faits. Les manuels devenus leur Bible sont généralement rédigés, en effet, par des maîtres de l’Université parmi lesquels figurent des académiciens et des professeurs à la Sorbonne. Beaucoup de ces livres sont malheureusement peu recommandables. On s’étonne d’y rencontrer tant de preuves d’une mentalité de fanatiques. Les journaux les moins suspects de cléricalisme ont relevé récemment les jésuitiques interprétations de l’histoire contenues dans un de ces manuels rédigé par un professeur de la Sorbonne des plus connus. Il faut remonter à l’époque de l’Inquisition pour rencontrer d’aussi sombres sectaires. Si ces fastidieuses élucubrations ne dégageaient pas un mortel ennui, elles influeraient de la plus dangereuse façon sur l’imagination des enfants et nous feraient une génération d’antipatriotes et de révoltés.

C’est un spectacle attristant de voir des professeurs en Sorbonne, des académiciens, etc., réduits pour plaire