Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/131

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En attendant, le comité ordonne des grèves répétées pour arriver, par l’élévation des salaires, à la suppression progressive et bientôt totale du bénéfice des entreprises industrielles. Cette dernière manœuvre accentuée chaque jour, est facilement praticable pour les anciennes entreprises, parce que leurs administrateurs, très craintifs et assez indifférents aux intérêts des actionnaires, iront de concessions en concessions, jusqu’à ce que le dividende tombe à zéro. La valeur de l’action se trouvera réduite alors au même chiffre.

Une prochaine et très évidente conséquence de cet état de choses sera la difficulté de trouver des commanditaires pour des entreprises nouvelles. De mieux en mieux fixé sur son sort, l’actionnaire préfère engager ses capitaux dans des sociétés étrangères. La liste déjà serait longue des produits vendus en France mais ne se fabriquant plus qu’au dehors. L’ouvrier, sans s’en apercevoir, est en train de tuer la poule aux œufs d’or. Totalement incapable de prévision, il ne voit que les résultats immédiats, momentanément avantageux pour lui, et persévérera dans la voie où on l’a engagé jusqu’à l’heure finale de la ruine.

Cette course à l’abîme des classes ouvrières, est accélérée par les déclamations furieuses d’une foule de demi-intellectuels en révolte. Mécontents de leur sort, persuadés que les diplômes obtenus par la récitation mécanique de gros manuels devraient leur procurer des situations élevées, tous ces incompris maudissent la société qui méconnait leur génie et de l’ouvrier, bien entendu, ne se soucient nullement. Dépourvus du sens des réalités et des nécessités économiques qui régissent les civilisations modernes, ils s’imaginent qu’une société nouvelle s’inclinera devant leurs qualités éclatantes si mal appréciées par le monde actuel.

Abusé par ces déclassés, fruits de notre enseignement universitaire, l’ouvrier se persuade chaque jour davantage être victime des plus criantes injustices et ne rêve que de révoltes.

C’est ainsi que les cervelles populaires se sont peuplées d’illusions. Le simple manœuvre s’imagine maintenant, malgré l’évidence contraire, produire des revenus dont il ne profite pas. Est-il nécessaire de démontrer que les véritables créateurs de la richesse sont des agriculteurs, des industriels, des ingénieurs, des savants, posses-