Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/159

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quer d’autre droit que celui du plus fort.

En attendant, la loi fonctionnera comme un moyen d’oppression autorisant à écraser de taxes ceux qui déplairont et à dégrever de toute charge les amis. Les collectivistes ne se doutent guère que ce régime d’inquisition deviendrait vite tellement odieux, engendrerait de telles révoltes que son application marquerait, malgré la veulerie universelle, la fin de la République. Les moutons eux-mêmes finissent par s’insurger. Mais la passion du despotisme est trop intense dans les âmes qu’elle domine pour leur laisser aucun jugement.


Si le penchant à la tyrannie et le mépris de la liberté sont universels en France, on ne peut nier, cependant, qu’il s’y rencontre une élite d’esprits libéraux éclairés, n’éprouvant pas le besoin de persécuter et d’asservir des classes entières de citoyens pensant différemment qu’eux. Leur nombre est trop minime pour pouvoir former un parti influent. Loin d’ailleurs de s’accroître, ce parti diminue chaque jour.

Ici se pose une question embarrassante : pourquoi cette élite, déjà si faible, se réduit-elle constamment ? Comment rencontrons-nous parmi les députés et leurs électeurs, beaucoup d’esprits pacifiques et sages : professeurs, médecins, industriels, ingénieurs, etc., devenus les défenseurs des doctrines les plus subversives ?

Pourquoi, par exemple, est-ce surtout chez les universitaires que se recrutent les chefs et les principaux apôtres du collectivisme révolutionnaire, de l’antipatriotisme, de l’antimilitarisme, etc. ?

Rappeler que le bon sens n’accompagne pas toujours l’instruction et que les intellectuels ne brillent pas tous par l’intelligence serait une insuffisante réponse.

Diverses raisons ont déterminé ce nouvel état mental. Il faut citer, au premier rang, la peur, devenue, nous l’avons vu, le véritable mobile des votes parlementaires.

Un ancien député socialiste, monsieur Fournière, l’a très justement exprimé dans les lignes suivantes :

Du plus anarchiste au plus parlementaire d’entre nous, nous portons tous une chaîne de terreur, la terreur de n’être pas aussi avancé que celui qui est devant nous… Curés de la sociale, nous avons promis le paradis à nos ouailles, où les avons-nous conduites ?