Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/162

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que, malgré tant d’efforts, il est impossible de détruire sa puissance. On la déteste comme l’esclave déteste le maître qui le domine tout en sachant bien qu’il faut lui obéir.

Pour toutes ces causes diverses, des hommes relativement éclairés en sont arrivés à se courber devant les bas démagogues des Églises nouvelles avec autant de servilité que des courtisans asiatiques devant un souverain absolu.

Quelques rares indépendants finissent pourtant par renoncer à servir de pareils maîtres. Un des anciens chefs du parti socialiste belge, monsieur le sénateur Edmond Picard, a exprimé sa répulsion à cet égard dans une lettre publique dont voici quelques extraits :

Je ne quitte pas le parti ouvrier, mais je quitte le groupe des sectaires qui y tapagent et que, suivant la tradition, les raisonnables se laissent aller à suivre. L’inévitable surenchère s’impose à ceux qui craignent de paraître pusillanimes s’ils ne font pas autant ou plus que les extravagants.

J’ai une âme rebelle à l’intolérance. Vous avez parmi vous, des individualités qui pratiquent, à la sauce socialiste, le Perinde ac cadaver d’Ignace de Loyola. Je refuse de m’y soumettre, ne fût-ce que pour l’exemple et pour la dignité humaine. Que ce clergé cherche ailleurs des esclaves. Suivez vos destinées. Leur fatalité vous entraîne.

Le "clergé socialiste" n’est pas embarrassé pour découvrir des esclaves. Avec l’évolution de la mentalité actuelle, il est facile de trouver des âmes prêtes à subir des tyrannies beaucoup plus redoutables que celles des anciens rois absolus. La liberté possède encore des défenseurs théoriques, mais c’est le despotisme qui séduit les foules et leurs maîtres.




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