Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/161

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nir compte. Le chef du parti socialiste en France, n’a pas hésité, dans une discussion récente au Parlement, à soutenir cette thèse. Il s’est attiré la réponse suivante, d’un ministre dont le jugement a survécu à son passé socialiste.

Comment ! un contrat est passé entre une Compagnie et l’État, des difficultés s’élèvent sur l’interprétation du contrat entre les deux parties, et l’une des parties réglerait elle-même ces difficultés en interprétant toute seule le contrat ! Est-ce possible ? Que deviendrait la parole de l’État et j’ose dire le crédit même de l’État si les engagements pris au nom du pays pouvaient être le lendemain, ou 20 ou 30 ans après (le temps ne fait rien à l’affaire), reniés avec cette désinvolture ?

De telles évidences devraient sembler indiscutables. Le fait qu’il soit devenu nécessaire de les défendre montre à quel point les doctrines les plus despotiques ont séduit nombre d’esprits.


Les observations précédentes révèlent la mentalité des législateurs et l’expliquent un peu. D’où vient celle du bourgeois à tendances révolutionnaires ?

Inapte généralement à la réflexion et au raisonnement, il adopte, par simple imitation, quelques formules à la mode qui lui permettent de se dissimuler la médiocrité de ses pensées. "Marcher avec son temps, être un homme de progrès", etc. Ce que cela signifie, il ne l’a jamais soupçonné et les braves gens qui l’écoutent ne le savent pas davantage.

Il est, du reste, de même que tous les Français, incurablement Étatiste et c’est pourquoi les bourgeois de tous les partis : cléricaux, collectivistes, monarchistes, etc., se trouvent d’accord pour exiger de l’État des lois destinées à remanier le monde.

Le socialisme synthétisant cette aspiration générale fait, pour cette raison, de rapides progrès dans la bourgeoisie, bien qu’il soit un retour vers la barbarie et nous menace d’un despotisme plus dur que tous ceux étudiés par l’histoire.

Aux causes qui viennent d’être données de la mentalité bourgeoise actuelle, s’ajoute encore son antipathie apparente pour la tradition. Aucune classe n’est plus courbée sous son joug et pourtant, aucune ne la déteste davantage, sans doute parce que, de temps à autre, elle sent