Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/174

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convictions et gouverner les peuples avec leurs idées, et non avec ses propres croyances.

Mais si les hypothèses relatives au Ciel restent incertaines, au moins est-il sûr que les progrès de la civilisation sont dus uniquement à la bourgeoisie de tous les âges puisque c’est principalement dans son sein qu’ont toujours été recrutés artistes, industriels, philosophes et savants.

La démocratie, disait monsieur Clémenceau dans un de ses discours, n’est pas le gouvernement du nombre…
À la source de toute évolution nous trouvons l’effort individuel des penseurs, tandis que le progrès général doit résulter nécessairement de l’accommodation progressive des masses aux idées soumises à la sanction de l’expérience par le génie de quelques-uns.

Ne qualifions pas ces vérités de banales puisque c’est seulement le jour où ils arrivent au pouvoir que les politiciens les découvrent.

Elles ne sauraient bien entendu effleurer les socialistes révolutionnaires, rêvant la destruction de la société actuelle.

Avec un peu plus d’intelligence, ces bruyants apôtres arriveraient à comprendre qu’ils ne gagneraient rien à se substituer au gouvernement qu’ils maudissent. Les survivants de leurs hécatombes finiraient par constater, que les méthodes de gouvernement sont peu variées et deviendraient plus réactionnaires encore que leurs prédécesseurs. C’est ce qui fut toujours observé du reste quand les Césars vinrent écraser l’anarchie.

Des révolutionnaires vainqueurs ne peuvent prendre en effet que deux partis : rester révolutionnaires, et dans ce cas perpétuer un désordre contre lequel se ligueraient vite toutes les opinions et qui par conséquent ne saurait durer, ou gouverner à peu près comme leurs aînés. Ce dernier parti fut toujours adopté par tous les démagogues triomphants. Ceux qui, avant d’arriver au pouvoir prêchaient l’insurrection, la grève générale et la violence, les combattent énergiquement une fois devenus les maîtres. Non, certes, qu’ils trahissent leurs principes, mais simplement parce qu’ils découvrent alors que le maintien de la vie d’un peuple est soumis à l’observance de certaines règles traditionnelles.

Ce ne sont pas en réalité les violences des révolutionnaires, mais la faiblesse de nos gouvernants qui constitue