Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ble que parce que s’exerçant contre des ministres sans résistance.

Mais à défaut de la défense gouvernementale sur laquelle on ne peut guère compter, la C.G.T. se trouve maintenant en face d’ennemis plus sérieux que la police et l’armée. Elle a vu, bien à contre-cœur, s’enrôler sous sa bannière la secte redoutable des anarchistes. Impossible de les repousser, leur programme de destruction sociale, pour établir une sorte de communisme, était identique à celui de la C.G.T.

Les compagnons anarchistes ne connaissant guère d’autre méthode de raisonnement que le sabotage et l’incendie ne sont pas d’un maniement facile. Ces illuminés veulent bien tâcher d’anéantir la société en bloc, assassiner en attendant le plus de souverains possible, souffrir au besoin le martyre pour leur foi, mais jamais ils ne se plieront à la discipline d’un syndicat. Les membres de la C.G.T. ont victorieusement tenu tête dans les congrès aux collectivistes, mais on ne voit pas facilement comment ils réussiront à se défaire de leurs nouveaux alliés les anarchistes. Nous examinerons les conséquences de leur présence dans le prochain chapitre.

Quant aux ouvriers, esclaves dociles poussés par d’invisibles mains, ils n’ont assurément rien à gagner dans la voie où on les dirige et beaucoup à perdre. Leur salaire, en effet, dépend uniquement de l’état des affaires industrielles. Ils pourraient être syndiqués jusqu’au dernier sans obtenir une augmentation d’un centime, si le commerce de leur pays diminuait d’importance. Cette diminution, déjà commençante, deviendra beaucoup plus grande encore quand les capitaux effrayés iront chercher des pays sagement gouvernés où ne les inquiéteront pas les grèves violentes, les sabotages et les lois tyranniques que les Chambres ne cessent de voter et qui déterminent de plus en plus l’émigration des fortunes.

Ces vérités, les prétendus défenseurs des classes ouvrières se gardent bien de les dire. Ils savent pourtant que ce n’est pas en s’appropriant la fortune d’autrui que les travailleurs amélioreront leur sort, mais seulement en perfectionnant leur instruction technique. La capacité est la grande puissance de l’âge moderne et rien, absolument rien, ne peut la remplacer. Que l’ouvrier accroisse sa valeur professionnelle, qu’il finisse par s’élever au niveau