Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/184

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de ses collègues américains dont nous parle P. Adam, gentlemen qui arrivent le matin à leur atelier élégamment vêtus, mettent une blouse, travaillent et, leur journée finie, prennent un bain et vont achever la soirée au cercle sans que rien les distingue dans leurs manières des hommes du monde les plus corrects.

À côté de ces ouvriers à 25 francs par jour végètent, il est vrai, les manœuvres ignorants et bornés qui ne gagnent que 4 francs dans le même temps. L’idéal de la civilisation est-il d’élever le manœuvre au rang du gentleman ou de créer une société artificielle qui abaisserait le gentleman au niveau du manœuvre ? Je connais la réponse des socialistes, mais je sais aussi celle dictée par le simple bon sens. Dédaignons les vagues phrases humanitaires inspirées uniquement par la basse envie. Tous nos efforts doivent tendre à fortifier la mentalité d’un peuple et non à l’amoindrir. Le progrès n’est pas dans la haine des classes, comme ne cessent de le répéter les sectaires, mais uniquement dans leur fusion.

Les socialistes, qui d’abord favorisèrent la création des syndicats, les voient maintenant se retourner contre eux. Bien vainement essaient-ils de calmer cette hostilité. Malgré leur soumission, la C.G.T. les repousse avec mépris. Dans ses meetings récents, elle a refusé la présence d’un seul député socialiste.

L’idéal des syndicalistes reste encore un peu vague car pour le moment ils ne cherchent qu’à détruire, mais leurs écrivains ont déjà pris soin de nous dépeindre la future société syndicaliste. Elle sera composée de producteurs réunis en syndicats échangeant leurs services. Cette organisation, très éloignée de la forme Étatiste prônée par les collectivistes, lui serait évidemment supérieure. Collectivistes et syndicalistes sont en réalité aux pôles de la pensée, et nulle conciliation n’est possible entre eux.


Beaucoup de braves gens prennent des airs entendus pour nous révéler que le syndicalisme représente l’aurore de temps nouveaux. Ils ne semblent pas soupçonner que cette aurore constitue simplement une régression vers un état de choses fort ancien et si insupportable qu’il fut abandonné.

Le régime syndicaliste a fonctionné, en effet, pendant des siècles dans les républiques italiennes. Elles n’étaient