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les musulmans algériens la valeur de notre éducation, car ils ne fréquentent guère nos écoles. Mais bien que les conséquences observées l’aient été sur une petite échelle, elles sont déjà suffisamment probantes. En voici quelques unes, racontées dans un travail de monsieur Paul Dumas : Les Français d’Afrique.

En 1868, pendant la famine, monsieur Lavigerie, archevêque d’Alger, inaugurant en cela son système de propagande, recueillit un grand nombre d’enfants indigènes abandonnés, garçons et filles. Cette fondation charitable a donné lieu à la plus instructive, mais aussi à la plus navrante des expériences. Il n’y a pas longtemps, me rendant d’Alger à Constantine, j’eus occasion de causer dans le train avec un ecclésiastique fort distingué, qui me parut ne plus nourrir aucun espoir au sujet de l’amélioration de cette malheureuse race arabe. Il me raconta l’histoire lamentable des orphelins de monsieur Lavigerie.

"Quatre mille enfants environ, me dit-il, lui ont passé par les mains. Une centaine seulement sont restés chrétiens. Presque tous sont revenus à l’islamisme. Ces orphelins ont d’ailleurs, en Algérie, la plus détestable réputation. Les divers colons bien intentionnés qui se sont avisés d’en employer quelques-uns ont dû se débarrasser d’eux au plus vite. Voleurs, fainéants, ivrognes, ils synthétisent tous les vices, ceux de leur race qu’ils ont indélébilement dans leur sang, et les nôtres par dessus le marché. On a eu l’idée de les marier les uns aux autres. On a ensuite installé ces ménages dans des villages spéciaux, on les a pourvus de terres, on les a outillés, on les a mis dans le meilleur état pour bien faire. Les résultats ont été lamentables. En 1880, dans un de ces villages, ils ont assassiné leur curé !"

L’expérience qui précède, fort connue en Algérie, est tout à fait caractéristique puisqu’elle a porté sur 4.000 enfants, placés dans les meilleures conditions pour subir notre influence, puisqu’ils étaient entièrement soustrait à l’action de leurs parents.

Qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, d’instruction par les livres de l’école ou d’éducation par le contact journalier des hommes, les résultats ont toujours été analogues. Aucune discipline n’est plus apte assurément à dompter les âmes que celle du régiment, et nous ne possédons pas de moyen plus efficace de fusionner l’Arabe et le Fran-