Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/245

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maintenant. Nous y songerons seulement le jour où vos pacifistes, vos internationnalistes, vos antimilitaristes et autres variétés d’imbéciles, auront achevé de dissocier dans vos âmes l’idée de patrie qui fait notre force. Nous n’aurons alors qu’un bien faible effort à tenter pour vous imposer toutes nos volontés.

Mon pays ne tenait donc nullement à la guerre. L’heure n’était pas venue d’ailleurs de lutter contre l’Angleterre, votre alliée, que nous ne redoutons pas au point de vue commercial et industriel et qui, au contraire, sur ces deux points, nous redoute beaucoup. La guerre avec elle est inévitable peut-être, mais l’enjeu en sera autrement important que le Maroc.

Hambourg est devenu trop petit. Un grand port militaire et commercial nous est nécessaire, et il n’y a guère qu’Anvers dans notre voisinage. Nous y avons multiplié nos maisons de commerce, nos entreprises maritimes, nos banques, mais cela ne suffit pas, car dans ce port si voisin de l’Angleterre, la puissance militaire doit accompagner la puissance commerciale. Les Belges connaissent parfaitement d’ailleurs ces aspirations qui sont celles de tous les Allemands et que certains atlas de géographie ont vulgarisées partout. J’ai lu le discours qu’un de leurs hommes d’État les plus éminents, le sénateur Edmond Picard, prononça à ce propos devant le Parlement belge. Cri d’alarme très justifié, mais bien inutile. Les peuples n’échappent pas à leur destinée. Les Belges la retarderaient peut-être un peu, en se fondant avec la Hollande, mais ils ne paraissent pas assez subtils pour comprendre que bientôt il n’existera plus de place dans le monde pour les petites nations.

Naturellement, et c’est là que gît l’unique difficulté, les Anglais s’opposeront à cette entreprise. Voilà pourquoi la guerre avec eux est à craindre. Vous vous y joindrez sans doute, mais, à ce moment, plus affaiblie encore qu’aujourd’hui, votre seul rôle probable sera de payer les frais d’une guerre nécessivement fort coûteuse.

D’ici là, en effet, vos luttes religieuses et politiques achèveront de vous user. Vous êtes arrivés à un degré d’intolérance, à un besoin de persécution qui finiront par vous rendre odieux à tous les peuples assez civilisés pour pratiquer la liberté. Vos innombrables syndicats, dont la tyrannie est autrement lourde que ne le fut jamais celle