Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/250

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enregistra vite une augmentation notable des traitements des postiers. Leurs exigences, naturellement, ne manquèrent pas de croître et le gouvernement dut reconnaître que, sous peine de se démettre, il devenait impossible de toujours se soumettre.

C’est, d’ailleurs, avec la plus extrême insolence et la menace répétée d’une nouvelle grève que les postiers révoltés manifestèrent leurs volontés. Les autres fonctionnaires, voyant le succès de cette méthode d’intimidation, commencèrent aussitôt à clamer des revendications. Pour y satisfaire, il eût fallu doubler le budget et, par conséquent, les impôts.

Sans doute, les ministres et le Parlement se soucient médiocrement des conséquences de leur faiblesse, sachant bien qu’ils ne seront plus là pour en supporter les effets, mais les exigences avaient grandi si vite que, sous peine de trop indigner l’opinion, force fut de résister un peu.

La seconde grève des postiers n’a pas été sans résultats utiles. Il est bon que le public souffre un peu des grèves des postes, des chemins de fer, etc., pour comprendre ce que lui prépare le régime syndicaliste. Alors, et seulement alors, l’opinion, fort puissante aujourd’hui, se dressera énergiquement contre tous les révolutionnaires.

Si l’on avait continué à subir les caprices des révoltés, ils auraient créé un État dans l’État, vite devenu un État contre l’État. Ce fut une véritable dérision que cette prétention de quelques milliers de commis d’arrêter la vie d’un grand pays. On serait stupéfié des insanités pouvant germer dans de faibles cervelles si ne se révélait, dans le mouvement actuel, un de ces cas d’épidémie mentale propagée par contagion, très fréquente aux époques troublées et qui ne sauraient surprendre les personne familières avec la psychologie des foules.

Il faut apprendre à se défendre, et cela sans crainte. La peur, cette terrible conseillère, a toujours été l’origine de perturbations sanglantes et de tous les despotismes militaires qu’elles engendrent. Croit-on, en vérité, que les agents des postes, les instituteurs, etc., auraient osé tenir le langage reproduit dans les journaux s’ils n’avaient été assurés de la terreur qu’inspiraient leurs discours ? Peut-on tolérer un instant que des fonctionnaires entretenus par l’État viennent prêcher l’antipatriotisme et l’antimilitarisme, c’est-à-dire la destruction de la société dont ils