Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/270

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encore et chacun étant obligé de se protéger lui-même, nous verrons, ainsi que l’a très bien montré à la Chambre le rapporteur de la commission, se déchaîner les fureurs populaires et devenir usuel le lynchage des criminels.

La justice de la foule est impulsive, brutale, sommaire, aveugle parfois et les pouvoirs publics seraient coupables s’ils abdiquaient entre les mains d’irresponsables le droit social d’infliger la peine de mort pour la défense des honnêtes gens. Les pouvoirs publics seraient coupables s’ils amenaient à se munir d’armes pour se faire justice eux-mêmes les citoyens qui n’auraient plus confiance dans la protection de la loi.

La pusillanimité excessive de notre magistrature qui redoute la vengeance des criminels, et ne sévit avec rigueur, que lorsque de bas policiers lui amènent des femmes sans défense, coupables de légers délits, est aussi une cause active d’accroissement de la criminalité. Ce point a été bien marqué par un magistrat dans une interview dont je reproduis ici un fragment :

Vous parlez procédure, dit-il, et vous n’envisagez jamais la répression. Savez-vous que depuis 20 ans l’échelle des peines a été abaissée de 50%, que la libération conditionnelle et la défalcation de la prison préventive ont énervé l’action de la justice. La loi sur la relégation n’est pas appliquée, et ainsi chaque jour grossit le nombre des récidivistes. Vous voulez la procédure anglaise. Soit ! mais alors prenez la répression anglaise, le fouet, le hart labour. Punissez sans pitié les délits et les crimes de nature à affaiblir l’autorité. Entourez les agents du pouvoir d’une telle sollicitude qu’ils soient intangibles. Les policemen n’ont ni sabre ni révolver et ils circulent isolés à Londres dans des quartiers où nos agents n’iraient qu’en troupe et armés jusqu’aux dents. Alors, quand vous aurez supprimé le crime par la terreur du châtiment implacable, nous parlerons de la procédure.

La terreur du châtiment est, au demeurant, l’unique moyen d’arrêter les progrès de la criminalité, comme l’a également fort bien montré Maxwell dans son beau livre Le Crime et la Société. L’aliéné lui-même est parfaitement sensible à la menace du châtiment.


Pour arriver aux répressions nécessaires, il faudra guérir le public de son humanitarisme maladif et la magistra-