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ture de ses craintes. Quelques indices, bien insuffisants encore, permettent cependant d’espérer un peu cette guérison.

À l’enterrement d’un brave sergent de ville assassiné par un voyou, le président du Conseil municipal disait très justement :

"Mais, ce qui importe surtout, c’est de ne pas nous laisser envahir par ces doctrines soi-disant humanitaires qui n’aboutissent qu’à énerver toutes les énergies et sont plus pernicieuses que les malfaiteurs eux-mêmes."

Je suis absolument de cet avis. Les humanitaires sont, indirectement mais sûrement, beaucoup plus dangereux que les bandits.

En attendant la vulgarisation de ces vérités, l’humanitarisme continue à s’étendre. Une de ses plus funestes manifestations fut l’incorporation des criminels de profession dans l’armée.

On se demande dans quelle cervelle de bureaucrate borné a pu germer l’idée d’introduire les repris de justice dans nos casernes. Certains régiments, comme le 82° de ligne, ont renfermé à certain moment une centaine de voyous ayant subi de nombreuses condamnations. Le Journal du 28 décembre 1909 indiquait les conséquences de leur présence.

Depuis le mois d’octobre dernier, deux vols à l’esbrouffe, spécialité jusqu’alors inconnue des Montargeois, ont été commis en plein jour, au centre même de la ville. La villa d’un lieutenant fut cambriolée selon toutes les règles de l’art. Un habitant fut nuitamment frappé "au lancé" d’un coup de couteau entre les deux épaules par 2 militaires qu’il ne put malheureusement pas reconnaître. Enfin, il y a huit jours à peine, on retrouvait dans le canal le cadavre d’un soldat noyé "accidentellement", conclut le parquet, à la suite d’une discussion avec un camarade, dit-on ouvertement en ville. La conduite de ces soldats-voyous n’autorise-t-elle pas les pires soupçons ?..

Si l’opinion publique n’avait fini par se révolter et obtenir l’abrogation de cette funeste loi, la pernicieuse engeance des humanitaires, aurait achevé de désorganiser entièrement l’armée.

Malheureusement, les tendances actuelles nous poussent plus en France vers la protection des criminels que vers leur répression.