Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/282

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de service ! N’est-ce pas odieux ?

Qui donnera du pain à ces frères des écoles chrétiennes auxquels on a pris l’argent qui leur servait à donner l’instruction aux enfants du peuple ? N’ayant pas trouvé grâce devant vous, ils n’ont pas davantage trouvé grâce devant vos liquidateurs !

Nous connaissons maintenant la première utilisation du fameux milliard des congrégations. Nous savons à quoi il a servi : à chasser de saintes filles, de braves gens qui ne demandaient qu’à faire le bien, étant les soutiens des malheureux et les protecteurs de l’enfance.

Ainsi, vous avez chassé, traqué, dépouillé, ruiné, mis dans l’impossibilité de vivre, si ce n’est en s’expatriant, les meilleurs d’entre nous, et pourquoi faire ? Pour permettre à quelques Duez de fourrer de l’argent dans leurs poches. Ah ! messieurs, quelle tristesse pour nous, mais pour vous quelle responsabilité !

Je ne saurais reproduire ici les articles de très légitime indignation, que cette révoltante expropriation provoqua dans le monde entier. Je me bornerai à citer les paroles d’un grand personnage, candidat à la présidence de la République de son pays, et reproduites dans un journal brésilien non suspect de cléricalisme :

La France, obsédée par l’éternel fantôme du cléricalisme, va sans cesse de réaction en réaction, inquiète, agressive, despotique. Avec elle, sous l’apparence de la liberté républicaine, le XX° siècle assiste à un épouvantable accès de régalisme, qui a déjà banni du pays les congrégations religieuses. Au sein de l’Amérique, se réunissent les exilés de la persécution d’outre-mer, et les collectivités religieuses se développent tranquilles, prospères, fécondes, sans le moindre nuage à leur horizon. C’est dans la plus parfaite cordialité que les prélats romains et les membres du Sacré Collège s’asseyent à la table du protestant Theodor Roosevelt.

Aucun esprit indépendant ne peut nier la perturbation du sens de la justice et la démoralisation que comporte la mainmise par l’État sur des propriétés privées comme l’usine de la Grande Chartreuse, appartenant à une association d’individus qui l’avait créée avec ses capitaux et son labeur. C’est une monstruosité de déposséder des hommes de leurs biens, uniquement parce que leurs opinions religieuses ne cadrent pas avec les idées des gou-