Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/322

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Devant une volonté forte, toute volonté faible doit plier.

Ces agitateurs ne sont pas encore aussi dangereux qu’ils pourront le devenir, parce que les traditions sociales créées par un long passé, maintiennent un peu l’édifice journellement sapé. Dans l’ombre des tombeaux se trouvent nos vrais maîtres. Contre les fantaisies des vivants se dresse le despotisme des morts.

Il semblerait même aujourd’hui que les morts seuls aient de l’énergie pour nous. Cependant ils ne pourront nous aider toujours. Le pouvoir du passé ne se maintient que si le présent lui fournit un apport constant.


Arrivé au terme de ce long travail, il faut conclure. Je le ferai en essayant de montrer, dans une brève synthèse, que les phénomènes physiques, biologiques et sociaux sont conditionnés (quelles que soient les lois diverses qui les régissent), par des nécessités générales du même ordre. Ces nécessités supérieures semblent constituer l’ultime philosophie accessible des choses.

Le monde de la connaissance a pris depuis un siècle une extension plus vaste que durant toute la série des âges antérieurs.

Aux découvertes réalisées dans les faits, se sont ajoutées les théories proposées pour les interpréter.

La science moderne renonce à découvrir un élément fixe dans l’univers, un repère invariable dans l’écoulement des phénomènes. Tous se sont évanouis tour à tour, et la matière elle-même, le dernier sur lequel on croyait pouvoir compter, a perdu son éternité. L’instabilité succède ainsi à la fixité. Des fluctuations perpétuelles d’équilibre ont remplacé le repos.

La raison première des choses recule dans un infini inaccessible. Seuls sont connaissables les rapports des phénomènes. L’ensemble des expériences conduit à cette conclusion si profonde de Poincaré :

"Dans notre monde relatif, toute certitude est un mensonge."

Abandonnant les explications trop sommaires, la science substitue maintenant aux grandes lois générales l’accumulation de causes infiniment petites, mais infiniment nombreuses. Elle enseigne que le monde physique, le monde biologique et le monde social sont l’œuvre de minimes individualités, sans action quand elles restent isolées,